Mes coups de cœur


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26 juin 2014

Irrésistible fusion T.3 - Simone Elkeles (Extrait)


Extrait : Irrésistible fusion T.3
Simone Elkeles
Éditions La Martinière Jeunesse


Luis

 Je connais bien des avantages à être le benjamin d'une famille de trois garçon : j'ai pu voir mes frères fourrés dans de sales histoires lorsqu'ils étaient au lycée et il y a peu de chances pour que je suive la même voie. J'ai toujours les meilleures notes à l'école, je ne me bats jamais, et je sais depuis l'âge de onze ans ce que je veux faire plus tard. Dans mi familia, je suis le « bon garçon », celui qui ne déconnera jamais.
Mes amis connaissent mon côté un peu fêlé, rebelle, mais pas ma famille. Je ne peux pas m'en empêcher : je suis un Fuentes, j'ai la rébellion dans le sang. Le gamin que ma famille entrevoit n'a vraiment rien à voir avec la personne que je suis et c'est tant mieux. Je me suis juré de ne jamais dévier de mon objectif ultime : aller à l'université pour étudier l'aéronautique. Mais j'ai besoin d'adrénaline et je prends quelques risques de temps en temps.
Avec quatre amis, nous sommes venus à Boulder Canyon et nous voilà au pied d'une paroi rocheuse. Jack Reyerson a apporté du matériel d'escalade mais je refuse de mettre un harnais. Je prends une des cordes, l'attache à ma ceinture avec un mousqueton et, une fois au sommet, je pourrai assurer le reste du groupe.
— Luis, c'est dangereux d'y aller sans équipement, lance Brooke. Pas besoin de te le répéter, j'imagine ?
— Non.
Je commence mon ascension en solo. Ce n'est pas la première fois que je grimpe seul à Boulder Canyon et j'ai assez d'expérience pour savoir ce que je fais. Oui, il y a un risque, mais un risque calculé.
— Luis, tu es fou, me crie Jamie Bloomfield alors que je monte toujours plus haut. Si tu tombes, tu vas crever !
— Je tiens à rappeler à tout le monde que je ne suis pas responsable si jamais tu te casses le cou, répète Jack. J'aurais dû te faire signer une décharge.
Le père de Jack est avocat, il a donc l'énervante habitude de se décharger de toute responsabilité dès qu'on fait quelque chose en groupe.
Je garde pour moi cette histoire d'adrénaline. Elle me donne envie de repousser mes limites en prenant plus de risques. Quand j'ai descendu la piste noire de Vail en snowboard pendant les vacances d'hiver l'année dernière, Jamie a dit que c'était comme une drogue pour moi. Dans le genre adrénaline, je ne lui ai pas parlé des moments à deux avec la fille que j'ai rencontrée dans l'entrée de l'hôtel... De là à dire que je suis drogué ?
À mi-chemin vers le sommeil, je m'assure de la main droite, au-dessus de ma tête, un pied planté dans une faille. Je ne peux m'empêcher de regarder en bas pour vérifier de quelle hauteur je tomberais si jamais je lâchais prise.
— Ne regarde pas en bas ! hurle Jack en panique. Tu vas avoir le vertige et tomber !
— Et mourir ! ajoute Jamie.
Dios mio. Mes amis doivent se détendre. Ils sont blancs, n'ont pas été élevés dans une famille mexicaine où les mecs sont prêts à relever chaque nouveau défi et vivent toujours sur le fil. Je suis censé être le plus sérieux des fils Fuentes mais c'est en prenant des risques qe je me sens vivant.
Plus que quelques mètres avant le sommet. Je m'arrête et regarde l'horizon, avec une vue panoramique sur le paysage. C'est extraordinaire. Autrefois j'habitais dans l'Illinois, où le relief est totalement plat en dehors des gratte-ciel. j'admire la nature au-delà des montagnes du Colorado. Le vent me caresse le dos, le soleil est haut dans le ciel et je me sens invincible.
Je lève le bras gauche et m'agrippe à une fissure dans la roche, trois mètres environ avant le sommet. J'y suis presque. Tandis que je cherche une nouvelle prise pour mon pied, je sens soudain comme une aiguille me transpercer la main.
Hou là, ce n'est pas bon, ça.
Je viens de me faire mordre par quelque chose.
D'instinct, je cale mon pied dans la roche et approche ma main pour l'examiner. Du sang coule de deux petits trous.
— Luis, me crie Eli Movitz, arrête de te tripoter et avance, qu'on arrive tous là-haut avant le coucher du soleil !
— Je suis désolé de vous l'annoncer les gars, mais je viens de me faire mordre par un serpent.
Le serpent dresse la tête au-dessus de moi puis retourne dans sa cachette. JE n'ai pas bien vu la bestiole alors j'ignore si elle est venimeuse ou non. Merde. Je baisse les yeux vers mes amis et je suis pris d'un vertige presque instantané. Je n'avais pas prévu ça. Mon cœur bat à cent à l'heure et je ferme les paupières ans l'espoir que ma tête arrête de tourner. 
— Putain ! crie Eli. Est-ce que c'était un crotale ?
— Je sais pas.
— Il ressemblait à quoi ? demande Jamie. Est-ce qu'il avait des rayures ?
— Je n'ai vu que sa tête et je ne compte pas monter le voir de plus près.
Est-ce que je ferais mieux de prendre un autre chemin pour finir mon ascension ou de redescendre purement et simplement ?
Je suis un matheux alors j'analyse tout de suite mes chances de survie. Ma main me lance, d'accord, mais elle n'est pas engourdie. De toute évidence, si je venais de recevoir un paquet de venin dans le corps, je le sentirais déjà se fatiguer.
J'entends alors la voix de Jack qui résonne en bas :
— Je savais que Luis n'aurait pas dû y aller en solo. Je le savais ! Personne ne m'écoute et maintenant il est coincé pendant que du venin se répand dans tout son corps.
— La ferme, Jack ! Les serpents n'ont pas de jambes, comment je pouvais savoir qu'il y en avait un qui se cachait dans cette foutue roche plusieurs mètres en dessous du sommeil ?
— Tu te sens... bien ? demande Brooke.
— Un serpent vient de me planter ses crocs dans la peau. Évidemment que je ne me sens pas bien.
Ce n'est peut-être que mon imagination mais j'ai l'impression que ma main s'ankylose.
— Allez chercher un ranger avec un antidote ! ordonne Jack aux autres.
Il faudrait pouvoir y aller en voiture. Aucun de nous n'a encore le permis, c'est foutu. Enfin, je suis foutu.
À parler d'antidote et de crotales, je n'arrive pas à me concentrer et je perds des forces.
Mon pied glisse. Puis ma main intacte devient moite et je lâche prise. JE glisse le long de la paroi et entends les cris et les pleurs de mes amis tandis que je tente désespérément de me raccrocher à quelque chose de solide. C'est fichu.
Une seule pensée me vient avant de percuter le sol : « Je ne suis pas prêt à mourir. » 
[...]

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