Mes coups de cœur


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08 décembre 2011

Loin de Sunnydale Buffy t.13 - de C. Golden & N. Holder (Extrait)

Résumé tome 13
Sunnydale est assiégée par les forces du mal, dont les vampires ne sont que l'avant-garde. Aujourd'hui, alors que Giles est hospitalisé, Buffy doit faire face à une nouvelle menace : un portail dimensionnel qui permettra à des cohortes de monstres de pénétrer dans notre monde. La Tueuse, Angel et leurs amis doivent localiser ce passage et le refermer. Pour cela, ils devront quitter Sunnydale et aller à Boston, où vit le mystérieux Gardien, qui parvenait jusque-là à contenir les créatures des ténèbres. Jusque-là...





Extrait : Loin de Sunnydale T.13
Christopher Golden & Nancy Holder


PROLOGUE

Tout ce que la Bouche de l’Enfer comptait de créatures affolantes et bizarres était réuni ce soir-là pour assister à un terrible rituel.
Au Bronze, c’était la Nuit des Groupes Amateurs. Buffy Summers, l’Elue, cherchait à voir dans l’obscurité. Les projecteurs illuminaient les groupes, plus lamentables les uns que les autres. Chaque bande avait ses partisans, parfois sympathiques, parfois fanatiques, mais tous entassés dans la boîte de nuit.
Buffy et ses amis avaient eu de la chance de trouver une table. La Tueuse dut admettre que certains musiciens tiraient leur épingle du jeu. Le spectacle était fascinant et elle ne pouvait rêver meilleure compagnie.
Ç’aurait dû être une soirée idéale. Pour ses amis, ça l’était. Oz tenait la main de Willow et commentait la technique du bassiste. Willow acquiesça en souriant. Ils en étaient encore au stade où tout ce qu’ils se disaient semblait magique… Buffy se souvenait de cette étape. Elle la regrettait et se demanda brièvement si elle vivrait une relation où elle la dépasserait. Aussi étrange que ça puisse paraître, elle ne rêvait que d’une chose : être amoureuse d’un garçon assez longtemps pour qu’il fasse partie des meubles.
Tout lui manquait. S’habiller pour plaire à un être cher, faire des projets, ne pas craindre le futur, être excitée par l’incertitude.
Cordélia et Alex étaient assis l’un à côté de l’autre, plus près que Cordélia ne l’autorisait habituellement. Ils sirotaient leurs cafés, écoutant Oz ou le groupe qui jouait sur scène. Détendus. Heureux d’être ensemble. Le téléphone mobile de Cordélia était sur la table ; elle le regardait toutes les deux minutes. Enfin, elle dit quelque chose à Alex, éteignit le portable et le glissa dans son sac.
Les deux couples jetaient régulièrement des coups d’œil dans la salle. On racontait que le représentant d’une grande maison de disques tait présent ce soir, et tous essayaient de deviner de qui il s’agissait. Oz devait penser aux Dingoes At my Baby. Les autres groupes étaient des concurrents. Pas très sérieux, mais néanmoins des concurrents.
Ils s’amusaient. Ils étaient en dernière année. Le monde leur appartenait ; pourquoi n’en profitaient-ils pas ?
Oui, c’est une soirée idéale, pensa Buffy en observant ses amis. Peut-être ne savait-elle plus profiter… d’être, tout simplement. Même si elle avait plus d’heures de présence au Bronze qu’en cours, elle se sentait étrangement décalée, comme à son premier jour à Sunnydale.
Ils sont si innocents, pensa-t-elle. Si jeunes.
Elle sourit, amère. Son innocence avait peut-être disparu, mais pas sa jeunesse. Parfois, elle ne ressentait pas la même chose que ses amis. Pour eux, la vie commençait. Qui savait ce que le destin leur gardait en réserve ?
Celui de Buffy était scellé.
Alex l’observa un moment avant de sourire.
— Bien, mademoiselle Summers, dit-il. A quoi rêvez-vous ?
Ses cheveux étaient de nouveaux longs, comme il les portait à leur première rencontre, trois ans auparavant. Mais son visage était plus marqué. Il avait perdu ses joues de bébé… Mais pas son habitude de porter des manches amples et des pantalons larges. Malgré son sens de la mode, Cordélia n’avait pas réussi à le relooker. Comme toujours, elle était ravissante avec sa robe chinoise noire brodée de papillons violets et ses baguettes dans les cheveux…
Buffy haussa les épaules.
— Rien d’intéressant.
— Ouais, dis-il. Le groupe me déprime aussi. Heureusement que ce sont des filles… (Il tournal la tête vers Cordélia.) Et pas de violence de ta part, je te prie. Tu as sacrément bavé sur le batteur rouquin, il y a une demi-heure…
— Oh, arrête ! répondit Cordélia en levant les yeux au ciel.
— Elle ne bavait pas, peut-être ? demanda Alex, prenant Willow à témoin.
Celle-ci le regarda sans répondre. Elle n’avait pas écouté, ce qui lui arrivait fréquemment ces derniers temps.
Alex se tourna vers Buffy.
— Elle bavait, non ?
Devant l’indifférence de Buffy, il soupira :
— Les femmes… Vous êtes solidaires comme une tartine et du beurre de cacahuète. Quand on y pense, ça fait un bon sandwich.
— Tu es dégoûtant, grommela Cordélia.
— A tes yeux, ce n’est pas un mal, répondit-il avec un clin d’œil.
Cordélia regarda le plafond comme pour mieux visualiser sa patience qui envolait.
— Par pitié…
Buffy sourit faiblement, se sentant triste et mal attifée dans son jean et son petit haut noir.
Le groupe continuait de jouer.
Fly away, let’s run away
Let’s start all over.
Let’s kill time.
Let’s unwind the threads of destiny…
— Ils ne sont pas si mauvais, dit Oz.
— Ouais, pour un groupe qui craint, commenta Cordélia. Et où ont-ils trouvé ces fringues ? La vague rétro des années soixante-dix est terminée depuis longtemps ! (Elle se tourna vers Buffy.) Ne le prends pas mal.
Buffy baissa la tête. Elle aurait bien aimé « le prendre mal », relever le défi et répliquer. Mais elle n’en avait pas la force. Avec un sourire las, elle but une gorgée de son latte glacé. Un anneau de condensation se formait sur la table. Latte glacé. Du lait écrémé. Sa mère disait qu’elle maigrissait à vue d’œil.
— Hou-là ! dit Cordélia en fronçant les sourcils. Tu es malade ?
Buffy la regarda d’un air interrogateur.
— Enfin, ce n’est pas une insulte, mais d’habitude, tu es… sur la défensive, tu vois ?
Let’s kill time, chantait le groupe.
Tuons le temps.
— Tu as des nouvelles de Giles ? demanda Willow.
Buffy secoua la tête.
— Je lui ai dit de n’appeler qu’en cas d’urgence. Si quelqu’un épiçait trop le punch, par exemple.
Ses amis gloussèrent. Giles était à la réunion annuelle de l’Association des Bibliothécaires américains… Le genre de réception qui présentait peu de risque de dégénérer en bacchanales.
— Il me manque, dit simplement Willow. Ce matin, je pensais à la remise des diplômes, et… aussi… vous savez, à après. Ce sera bizarre de ne plus entrer dans la bibliothèque chaque matin pour savoir ce que les monstres préparent…
— Nous nous fréquenterons encore, répondit vivement Alex.
Trop vivement. Buffy observa le visage de son ami. Après la remise des diplômes, ils partiraient chacun de leur côté. Amitié ou pas, chacun devrait suivre son chemin. Partir en patrouille ensemble deviendrait difficile quand ils se seraient éparpillés aux quatre vents.
— Je continuerai à le voir, dit Buffy. Chaque matin.
— Non, parce que tu… Oh, dit Willow. En fait, si.
— Il n’y a pas de remise de diplôme pour Tueuse, comprit Oz. Tu dois continuer ?
— Je dois continuer. La Buffy Duracell, c’est moi !
— C’est casse-pied, dit Oz. Les Dingoes sont parfois fatigués de jouer les mêmes vieux morceaux.
— Air connu ! lança Buffy. A chaque génération, il y a une Elue. « Elle seule se dressera devant les vampires, les démons et les forces des ténèbres. Elle est la Tueuse. »
— Et en parlant de démons…, dit Alex, salut, Joyeux…
Buffy regarda par-dessus son épaule. Malgré son humeur maussade, son cœur s’arrêta un instant de battre. Angel se tenait derrière elle, vêtu comme d’habitude de son jean, d’un tee-shirt et de son imperméable noir. Les lumières blafardes du Bronze soulignaient la pâleur de sa peau, accentuant la majesté de ses yeux foncés et de ses pommettes hautes. Si beau. Si distant… Avant il aurait posé ses mains sur les épaules de Buffy, et se serait penché pour l’embrasser sur le front. Peut-être sur la joue ou sur les lèvres…
Il était maintenant lointain. Prudent. Et peu convaincu d’être à sa place parmi eux.
Ce soir, Buffy le comprenait.
— Angel, souffla-t-elle. Que se passe-t-il ? Quelque chose de terrible va se produire ?
— Seulement si ce groupe a un rappel, dit-il en désignant la scène.
Buffy sourit. Sa vie était étrange et dangereux, mais elle avait des compensations. Elle préférait qu’Angel soit avec elle, de n’importe quelle façon, plutôt que de le rendre une fois encore aux ténèbres. Dans quelques mois, ses amis quitteraient peut-être tous Sunnydale ; ils la quitteraient, elle. Pourquoi rester ? Un jour, même Angel partirait. Mais pour l’instant, ils étaient ensemble.
— Tu danses ? demanda-t-elle à Angel.
Elle lui tendit la man. La prenant dans ses doigts froids, il la conduisit jusqu’à la piste de danse.
Et la serra dans ses bras.
Buffy posa la tête contre son épaule et ferma les yeux.

— Pauvre Buffy, murmura Willow.
Les autres acquiescèrent en silence. Ils comprenaient combien c’était difficile. Ils se préparaient tous pour l’université, parlant sans cesse de leurs projets.
Avancer, grandir… Quelle perspective avait-elle ?
Au cours des recherches qu’elle avait effectuée pour Giles, Willow avait découvert la durée de vie moyenne des Tueuses. Elle n’avait pas partagé cette information avec Buffy et avait essayé de l’oublier.
Elle souhaitait ne jamais l’avoir découverte.
Alex se pencha vers elle. Il parla à voix haute, mais le vacarme des enceintes Carvin était suffisant pour assurer la discrétion. Willow l’entendait à peine et elle était à moins d’un mètre.
— Tu penses à la remise des diplômes. Moi aussi.
— Nous y pensons tout, idiot ! railla Cordélia. C’est le jour le plus important de nos vies. Pour l’instant.
Alex la regarda, le visage grave. Willow connaissait cette expression. Elle signifiait : « Pas maintenant, Cordélia. » Aussi incroyable que ce fût, Cordy aussi avait compris. Elle ne l’interrompit plus.
— Ce ne sera pas le jour le plus important de la vie de Buffy, continua le jeune homme. Parfois, je me demande si elle serait restée à l’école sans la pression de sa mère et l’avantage d’avoir Giles à demeure.
— Et nous, ajouta Willow.
— Et nous, concéda Alex. Ne te méprends pas. Je suis malade à l’idée qu’elle soit… prisonnière de ce truc de Tueuse. Mais ce qu’elle fait est si important pour le monde que je me pose des questions. Je veux dire… Nous obtenons notre diplôme et pouf, adieu les vampires ! Buffy sera-t-elle la seule d’entre nous à risquer sa vie pour faire la différence ?
Les autres l’observèrent en silence. Parfois la philosophie très spéciale d’Alex les faisait rire.
Pas ce soir.
— Avons-nous fait une différence ? demanda Willow. Je veux dire, nous. (Elle se tourna vers Oz.) Tu es nouveau. Qu’en penses-tu ?
— Je ne crois pas qu’il y ait de réponse claire à cette question, dit-il.
Cordélia haussa les épaules.
— Avant, je n’avais qu’une envie, filer loin de vous et de ces bizarreries. Mais les choses ne se sont pas passées ainsi. Et maintenant, je suis coincée comme vous. Que pouvons-nous faire ? Inscrire le Club des Tueusettes ou le Gang de Scoubidou sur l’almanach de la promo avant de retourner dans le monde réel ?
— Ceci étant, bien entendu, de l’ironie, dit Alex.
— Exact, répliqua Cordélia tout en le fixant.
Mais Alex lui pinça le bras.
— Aïe !
— Tu cries comme une fille, je t’ai à peine touchée. Ose dire que rien de tout cela n’est important…
— Ça l’est, affirma Cordélia. Mais ça ne va pas durer. Pour nous. Nous avons des vies…
De l’autre côté de la salle, Buffy dansait avec Angel.
— Pauvre Buffy, répéta Willow.
Oz lui mit un bras sur les épaules.
— Nous sommes encore là, dit-il. Allons danser.

Angel regarda Buffy avec une tendre inquiétude.
— Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il.
La jeune fille posa sa tête sur l’épaule de son compagnon. Comme c’était bon ! Même si le sentiment de sécurité n’était qu’une illusion.
— Buffy ?
Elle leva le menton et réussit à sourire. Mais en retour Angel ne lui sourit pas.
— Ils vont me quitter, dit-elle rapidement, réprimant son émotion.
— Peut-être pas tout de suite.
— Un jour. Et je ne les blâme pas. Ils doivent… avancer.
— Je comprends. Crois-moi…
Elle s’énerva pour ne pas avoir à pleurer.
— Comment, Angel ? Tu as survécu à tout le monde. C’est toujours toi qui avances !
— Ça fait aussi mal que de rester derrière, dit-il en secouant la tête. Ça fait plus mal encore, Buffy. Tu es là depuis moins de trois ans. Passe soixante ou soixante-dix ans à regarder quelqu’un à qui tu tiens vieillir et mourir et nous pourrons parler…
Quand la chanson s’acheva, ils retournèrent à leur place.
Buffy vit les visages fermés de ses amis.
— Ce n’est pas la folle ambiance ! On dirait que l’univers m’ordonne d’aller ruminer ma déprime à la maison.
— Non, Buffy, ne pars pas, dit Willow avec un sourire forcé. Nous voulons rester tous ensemble…
— Ouais, jusqu’à en crever, ajouta Alex en tapotant sa chaise. Pose tes fesses, Angel. Prends une pinte de O+. Racontes-nous des blagues de vampires. Un buveur de sang entre dans un bar avec un perroquet sur la tête… et ?
— Alex, lâcha Buffy.
Elle se leva et ramassa son sac à main, vérifiant si son arme préférée était bien là : un pieu très acéré.
— Bonsoir, tout le monde…
Willow l’imita.
— Allons-y aussi, oz. Mes parents sont furieux quand je rentre tard.
— Buffy, on te raccompagne en voiture ?
Elle regarda Angel.
— Je t’emmène à la maison, dit-il.
Cordélia tapota la main d’Alex.
— Nous aussi, on part, annonça-t-elle. Les pom-pom girls s’entraînent à l’aube. Pourquoi continuent-ils à nous faire travailler en dehors des horaires scolaires ? Ils pourraient avoir un peu plus de considération… Il est difficile d’être belle à sept heures et demie du matin et de satisfaire aux critères intellectuels de l’école.
— Pas pour toi, dit Alex en souriant.
Cordélia ouvrit la bouche… puis la referma. Elle était sidérée qu’Alex lui ait fait un compliment.
Ils partirent. Sur scène, de pauvres bougres subissaient des huées pour ne pas avoir compris que le grunge était dépassé. Lorsque Seattle était le paradis du rock alternatif, certains, dans l’assistance, traînaient encore en couche-culottes…
Ils passèrent devant le nouveau videur, qui avait remplacé Bruno deux mois plus tôt, avant de s’engager dans la ruelle où Cordélia et Oz garaient leur voiture.
Buffy huma l’air frais, qui sentait l’océan. Un instant, elle repensa à Los Angeles et à sa vie depuis longtemps oubliée, où être l’Elue signifiait recevoir un bouquet de roses rouges et une tiare, pas une réserve d’eau bénite et assez d’ail pour ouvrir un restaurant italien…
Oz fredonnait « Tuons le temps ». Aussi mauvais qu’était le groupe, la chanson restait dans les esprits.
D’une façon mélancolique…
Ils étaient au milieu de la ruelle quand un bruit suspect retentit sur le toit du Bronze. Ils levèrent les yeux et virent une forme détaler, laissant derrière elle une ombre floue.
Au loin, une femme cria.
Sans hésiter, Angel et Buffy se placèrent chacun d’un côté du groupe. Cherchant dans son sac, Buffy en tira un pieu. Elle le tendit au vampire, avant de le voir en sortir un de son imperméable. La jeune fille approuva. Comme Giles le lui avait répété de nombreuses fois, un bon ouvrier vient avec ses outils.
— Au secours ! Oh, mon Dieu !
Buffy courait presque aussi vite qu’Angel. Ils tournèrent ensemble l’angle de la ruelle et foncèrent vers la femme qui hurlait. Angel était un peu devant. La femme lui jeta un regard affolé avant de prendre ses jambes à son cou. Il devait avoir son visage de vampires, mais Buffy s’Il devait avoir son visage de vampires, mais Buffy s’en moquait. Si l’inconnue pouvait courir, c’est qu’elle n’était pas blessée. Il était temps de se concentrer sur son attaquant.
Un nouveau bruit, au-dessus… Le monstre était retourné sur le toit. Ils le virent tous les deux : il semblait voler, son long manteau ou sa cape tourbillonnant derrière lui.
— C’est Batman, dit Angel.
— Je ne crois pas, soupira Buffy.
La chose se dirigeait vers leurs amis. Angel et Buffy le réalisèrent en même temps. Ils firent demi-tour, puis tournèrent de nouveau le coin. Les membres du petit groupe étaient là où ils les avaient laissés.
— Courez ! cria Buffy.
La forme s’éleva dans les airs, sa cape flottant comme les ailes d’une chauve-souris géante. Sa tête se renversa et un flot de flammes bleues sortie de sa bouche.
— Ouah ! dit Alex. Qui est ce démon ?
La créature atterrit lourdement sur le toit de l’autre côté de la rue. Buffy la suivit du regard, mais il était presque impossible de distinguer la silhouette dans les ténèbres. Se relevant, le monstre les contempla un moment. Puis il fonça vers le bord du toit, passant si vite sous les lampes que ses contours se brouillèrent.
— Fuyez ! ordonna Buffy. Vite !
Cordélia réagit la première. Avec un petit cri, elle se retourna et fila vers le Bronze.
Deux erreurs.
La première était de courir. La seconde de s’éloigner de Buffy et d’Angel.
La chose plongea derrière la jeune fille, crachant des flammes bleues. A la lumière turquoise, Buffy distingua mieux la créature. Elle était humanoïde, mais protégée par une armure blanche et huileuse. Sa bouche luisait de crocs ; ses yeux noirs creusaient deux abîmes dans son visage.
En résumé, elle était moche.
— Cordélia ! cria Alex en se jetant à sa poursuite.
— Non, Alex !
Buffy accéléra.
Ses poumons brûlaient. Elle croisa Willow et Oz, qui hésitaient.
— Ne bougez pas !
Cordélia se retourna vers Alex, puis vit son assaillant et hurla.
Alex tendait la main vers elle quand Buffy le rattrapa. Elle saisit le bras de son ami et le poussa hors de son chemin. Elle était la Tueuse. Elle devait les protéger. Tous ! Alex perdit l’équilibre et s’écroula. Buffy essaya de sauter par-dessus le jeune homme, mais elle trébucha à son tour. Il lui fallut un moment pour se relever, ce qui donna le temps à la créature d’atterrir dans la ruelle…
La chose ouvrit la bouche ; une gerbe de flammes jaillit et frappa Cordélia à la nuque. Ses cheveux s’enflammèrent. Poussant un cri strident, la jeune fille céda à la panique. La créature tendit les pattes vers elle, déchirant sa robe… Une griffe lui entailla le dos, mais la jeune fille était si terrifiée qu’elle ne s’en aperçut pas.
Angel sauta par-dessus Buffy. Ceinturant Cordélia, il l’attira au sol et lui couvrit la tête avec son manteau pour étouffer les flammes.
Se retournant vers Buffy, la créature l’examina de ses yeux inhumains. Puis elle lécha le sang de Cordélia sur une de ses griffes. Buffy leva son pieu. La chose l’ignora et se tourna de nouveau vers Cordélia.
— Mocheté ! cria Buffy en avançant. Tu vas me déprimer si tu continues comme ça…
Alex apparut soudain et se jeta sur le monstre. Il saisit la cape noire et tira. La chose se retourna, ouvrant la bouche…
— Alex ! hurla Buffy.
Elle plongea et le plaqua au sol.
Les flammes bleues crépitèrent au-dessus de leurs têtes. Une seconde plus tard, et c’était le visage d’Alex qui aurait brûlé.
— Aïe ! Putain ! cria Alex.
Mais Buffy se relevait déjà. Le démon rouvrit la bouche. La jeune fille lui flanqua un coup de pied dans la tête. Son adversaire hurla et recula, battant l’air de ses griffes acérées. Des flammes jaillirent de sa bouche.
Buffy se baissa, et décocha un coup de pied à mi-hauteur, déséquilibrant le monstre. Angel se précipita et le percuta, l’entraînant contre le mur de l’entrepôt. La créature tomba sur le flanc et s’écrasa contre une rangée de poubelles.
D’instinct, Buffy et Angel se mirent en position, piégeant la créature. Celle-ci regarda Angel. Buffy fit un signe… Les voyant approcher, la créature bondit et s’éleva dans les airs. Elle atterrit sur le toit d’une Toyota, quinze mètres plus loin. Le méta gémit et plia sous son poids.
— Oh mon dieu ! fit Willow à quelques mètres de là.
Le monstre se jeta contre le mur de l’immeuble, grimpant comme un lézard. Il atteignit le toit. Quelques secondes plus tard, il disparut.
Le cri métallique résonna comme l’écho des guitares qu’on entendait par la porte ouverte du Bronze.
Un second hurlement, puis plus rien.
Buffy reprit son souffle et courut vers Cordélia.
— Elle va bien ?
Alex, à genoux, caressait la tête de son amie.
— Ouais, et ce n’est pas grâce à toi ! cracha-t-il. Buffy, j’étais là. Pourtant m’as-tu jeté par terre ?
— J’avais peur que… commença la Tueuse.
Elle s’interrompit.
Elle avait poussé Alex hors de son chemin, sans réfléchir. La deuxième fois, elle l’avait sauvé, mais la première… Elle était la Tueuse. C’était son boulot.
— Si tu m’avais laissé l’aider au lieu de me transformer les bras en steak tartare, ses cheveux ne seraient pas carbonisés !
— Oh, non ! cria Cordélia en se tenant la tête. Non !
Alex foudroya Buffy du regard.
— Je devais… Je n’ai jamais vu une telle créature. Je ne voulais pas que vous soyez blessés.
— Je m’en sortais bien. Je n’ai pas besoin de garde du corps. Buffy, pourquoi tu n’as pas de vie à toi… ah oui, c’est vrai. Tu as une vie ! Et c’est celle-là !
— Alex ! s’indigna Willow.
Alex regarda Buffy.
Elle détourna le regard, scrutant les ténèbres qui avaient englouti le monstre.
Angel s’approcha.
— Tu as fait ce que tu devais, dit-il.
Buffy baissa les épaules, se retourna et rentra chez elle.
Seule.

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